Aujourd'hui les médias sont libres en France, mais ces libertés ont mis du temps à s'instaurer. Malgré tout le pouvoir politique a une influence sur les médias, ils sont très liés.
A) La liberté des médias en France
1) Aujourd'hui
a) Liberté d'expression
Un des deux principes fondamentaux de la liberté des médias aujourd'hui est la liberté d'expression : c'est le pouvoir de dire ou non ce que l'on pense a partir du moment où l'on peut en répondre devant les tribunaux en cas de calomnie ou de diffamation « la possibilité d'exprimer librement ses opinions sans en être inquiété par autrui».
Un exemple récent illustre tout à fait ce pouvoir des médias, c'est l'affaire wikileaks : ce site a créé une violente polémique il y a quelques mois car il rendait public des fuites d'informations sur les relations internationnales, et notamment la diplomatie américaine. Le site n'avait aucune limite et publiait des informations confidentielles.
Avec cette liberté et le secret des sources un site tel que wikileaks est difficilement atteignable et peut être très problèmatique pour l'Etat.
La libertés d'expression est essentielle pour les médias mais ils doivent rester dans la mesure.
b) Liberté d'opinion
Le second principe fondamental est la liberté d'opinion, il se traduit par le libre choix de la tendance politique par les médias :
TENDANCES POLITIQUES DE JOURNAUX FRANÇAIS
Le journal Métro est neutre, c’est un journal d’information rapide.
Les Echos est un journal neutre lui aussi car il traite de l’information économique.
Le Canard enchainé est un journal satirique qui critique le pouvoir et le gouvernement en place quelque soit son bord politique.
TENDANCES POLITIQUES DE CHAÎNE DE TÉLÉVISION FRANÇAISES
Ceci étant une approximation car la télévision est beaucoup moins impliquée en politique car elle passe de nombreux programmes culturels ou de divertissement n'ayant rien avoir avec l'information. Ce sont principalement les journaux télévisés qui permettent de situé la tendance politique des différentes chaînes. Celles-ci restent tout de même plus neutre que la presse écrite.
INTERNET
Enfin le dernier média, le plus élargi, est internet car tout est autorisé il n’y a aucune forme de censure, l’information n’est absolument pas filtrée et donc pas vérifiée.
COMPARAISON DE QUOTIDIENS FRANÇAIS
COULEURS :
La couleur du nom du journal nous indique déjà la tendance politique avec le bleu qui est la couleur de l’UMP (titres du figaro, la croix bleu) et le rouge est la couleur du PS (titres de libé rouge). Et enfin le titre du monde qui se veut plus au centre est noir qui signifie ni à gauche ni à droite. De plus le métro à sa cartouche titrale verte qui est la couleur de la neutralité.
ARTICLES SUR L'INFORMATION LANCÉE PAR LE CANARD ENCHAINÉ DANS L'EDITION DU 3 NOVEMBRE 2010 :
Le canard enchainé a lancé une polémique le 3 novembre 2010 en accusant Nicolas Sarkozy de superviser l'espionnage de journalistes lorsqu'il se livrerait à "une enquête génante pour lui ou pur les siens"
Voici la comparaison d'articles sur cette rumeur dans différents quotidiens le lendemain :
Libération |
Le Monde |
Le Figaro |
La Croix |
Liberation consacre une page à cette affaire et titre : " Espionnage de journalistes : Squarcini dément, le doute subsiste" L'article est injonctif, il prononce clairement ses doute concernant cette affaire "les soupçons de détournement des services de renseignement par l'Elysée s'accumulent"
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Le Monde accorde un quart de page à ce fait divers. Dans l'ensemble, il cite beaucoup le Canard enchainé. Il ne défend pas Nicolas Sarkozy, mais n'assure pas non plus qu'il y ait eu des écoutes. Il évoque néanmoins en fin d'article une nouvelle plainte que Le Monde a déposé pour violation du secret des sources. Ce qui n'a rien avoir avec l'affaire mais permet de montrer que cette loi n'est pas encore parfaitement respectée. |
Le figaro n'a pas écrit une ligne sur cette affaire et n'y fait aucune allusion. Il fait comme si elle n'existait pas, ce qui n'est pas étonnant face à sa couleur politique. |
La Croix n'a pas consacré d'article aux accusations du Canard enchainé mais simplement quelques lignes dans la rubrique "en bref". Le journal effectue son devoir d'information mais ne désire pas accentuer la polémique. La dernière phrase est " Les proches de ce dernier affirment qu'il n'y a jamais eu d'instructions du président de la république" |
2) Historique
Les médias sont donc libres en France, mais ils subissent parfois des pressions politiques...
B) L'influence du pouvoir politique
1) Faits d'actualité
Couverture des manifestations sur les retraites octobre 2010
En octobre dernier, un journaliste de canal + a été matraqué par des CRS durant les manifestations pour les retraites
Vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xf6i6m_retraites-la-police-frappe-un-journ_news
Et un journaliste de Reuters a été interdit de filmer et s’est fait confisquer son matériel sous prétexte d’atteinte à la vie privé des policiers.
Or,
« la liberté de communication des informations autorise la publication d’images de personnes impliquées dans un événement, sous la seule réserve du respect de la dignité de la personne humaine »
liberté d’expression : article 10 de la convention européenne des droits de l’homme
Ce qui signifie que les journalistes peuvent filmer des évènements librement quand ils sont d’actualité sauf certains cas précisés par la loi (lutte anti terrorisme, brigade criminelle…)
De plus la saisie du matériel risque d’entrainer la violation du secret des sources (loi du 4 janvier 2010).
Affaire Woerth (ministre du travail jusqu’à novembre dernier)/Bettencourt (héritière de l’Oréal)
Toujours en octobre dernier, suite à la polémique de l'affaire Woerth/Bettencourt, il y a eu un vol de disques durs contenants des informations sur Liliane Bettencourt et ses liens avec la politique. Deux journalistes ont été volés : Gérard Davet (rédaction du monde) et Hervé Gattegno (rédaction du Point). Et le journal en ligne mediapart qui détenait une copie des enregistrements téléphoniques de Liliane Bettencourt.
Ces faits ce sont déroulés au moment où l’information judiciaire était ouverte dans le dossier qui était sensible pour l’Etat.
Rappel sur l’affaire :
Un enregistrement des conversations entre Liliane Bettencourt et son gestionnaire de fortune Patrice le Maistre révèle une fraude fiscale de cette-dernière (île aux Seychelles et 2 comptes en Suisse non déclarés au fisc). Cet enregistrement impliquerait d'autre part le ministre Eric Woerth, car Liliane Bettencourt lui aurait versé de l’argent, afin de financer son parti politique, l'UMP.
L’argent aurati servi à financer la campagne de Nicolas Sarkozy. Il n’y a néanmoins pas plus de preuve à ce sujet, mais cela pourrait expliquer le vols des informations qui auraient pu être compromettantes pour le pouvoir politique en place. On constate dans cette affaire que la presse joue un rôle prépondérant dans la vie politique au travers des informations qu'elle transmet à l'opinion publique.
Comme lors du scandale du Watergate dans les années 70, où le président Nixon fut obligé de démissionner car la presse avait révélé les écoutes qu’il avait fait placer pour espionner certains de ses adversaires politiques.
2) Faits historiques
Le scandale du Watergate
En 1968, élu président des États-Unis et nouveau candidat pour le parti républicain en 1972, Richard Nixon fait procéder à des écoutes téléphoniques illégales au siège du parti démocrate durant la campagne électorale. Dans la nuit du 17 juin 1972, tout commence par l'arrestation de cinq cambrioleurs qui ont pénétré dans l'immeuble du Watergate à Washington où se trouve le quartier général du parti démocrate. C'est alors que commence une chasse à l'homme dans laquelle la grande presse nationale tient le rôle du chasseur et le président celui du gibier. Les policiers découvrent que les cambrioleurs ont des liens avec le comité pour la réélection du président Nixon.
Deux reporters du Washington Post Carl Bernstein et Bob Woodward ne se contentent pas de l'enquête officielle. Les enquêtes de ce journal conduisirent à l'inculpation du président Nixon. Puis sous la pression des journalistes, le 9 août 1974 Richard Nixon cède la place au vice président Ford. C'est la première fois dans l'histoire des États Unis qu'un président renonce volontairement à terminer son mandat.
Les rapports entre la presse et les présidents ne prennent pas réellement meilleure tournure avec les présidents suivants. Mais l'essentiel des informations dont disposent les journalistes du Washington Post leur est en effet donné lors de rendez vous secrets par un haut fonctionnaire dont l'identité demeure toujours cachée. La défense de la liberté de la presse se présente comme une cause sacrée contre laquelle il est d'autant plus difficile de s'élever même au nom d'intérêts tels que la sécurité d'Etat. Et les journalistes défendent ce faisant leur propre prestige professionnel et étendent leur influence en tant que groupe.
L'affaire Dreyfus
L’origine de cette affaire qui engendra un conflit social et politique de la Troisième République est la condamnation fin 1894 du capitaine Dreyfus pour avoir livré des documents secrets français à l'Empire Allemand.
En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus ( 1859-1935 ), israélite alsacien, fut accusé d'espionnage et condamné par un tribunal militaire à la dégradation et à la déportation dans l'île du Diable. Deux ans plus tard, il fut prouvé que le jugement était fondé sur des documents falsifiés et l'on eut de sérieuses raisons de penser qu'un officier criblé de dettes, le commandant Esterhazy ( 1847-1923 ), était le vrai coupable. Celui-ci, après un simulacre de procès, fut néanmoins acquitté.
C'est alors que Clémenceau publia dans son journal, l'Aurore, un article d'Emile Zola intitulé " J'ACCUSE... ", qui faisait peser contre l'état-major de très lourdes charges. Il apparut de plus en plus clairement que certains militaires, cléricaux et antisémites s'efforçaient d'empêcher une révision du procès.
L'Affaire devint politique, partagea la France en deux camps (dreyfusards et antidreyfusards) et faillit ébranler la république, cependant que l'opinion internationale s'indignait de l'injustice commise. Anatole France puis Jaurès défendirent Dreyfus avec ardeur. En 1899, celui-ci fut renvoyé devant le tribunal militaire de Rennes et de nouveau déclaré coupable. Il fut amnistié la même année, mais ce n'est qu'en 1906 qu'il fut complètement réhabilité.
Cette affaire est le symbole moderne et universel de l’iniquité au nom de la raison d'Etat, et reste l’un des exemples les plus marquants d’une erreur judiciaire difficilement réparée, avec un rôle majeur joué par la presse et l'opinion publique.
J'ACCUSE...! ( Texte intégral )
Lettre a M.Félix Faure, Président de la République.
"Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des tâches? Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les coeurs. Vous apparaissez rayonnant dans l'apothéose de cette fête patriotique que l'alliance russe a été pour la France, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre Exposition universelle, qui couronnera notre grand siècle de travail, de vérité et de liberté. Mais quelle tâche de boue sur votre nom - j'allais dire sur votre règne - que cette abominable affaire Dreyfus! Un conseil de guerre vient par ordre, d'oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, toute justice. Et c'est fini, la France a sur la joue cette souillure, l'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis. Puisqu'ils ont osé, j'oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j'ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l'innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis."
Le pouvoir politique a donc bien une influence sur les médias, mais alors, par quels moyens peut il les contraindre?